Nouveau quartier entre deux gares
En 1986, Pierre Mauroy réussit avec succès le détournement d'un train. C'était l'acte fondateur et nécessaire à la redynamisation de notre métropole. Quand la décision fut prise d'accueillir à Lille la future gare TGV, nous avons forcément ressenti, en tant qu'agence d'urbanisme installée à Lille depuis plus de 15 ans à l'époque, l'extraordinaire opportunité de mener une réflexion urbanistique autour de cet événement majeur dont bien peu mesuraient alors les futures retombées pour la région. Nous avons pris naturellement l'initiative, comme nous l'avions fait en 1979 pour la façade de la cathédrale de la Treille, d'impliquer l'agence dans cette nouvelle aventure ;rêver et concevoir pour notre ville le nouveau quartier susceptible de la propulser au rang de métropole d'influence. Construire la plate-forme européenne du XXIe siècle. Durant deux années d'études passionnantes et de péripéties, sous le regard intéressé des responsables politiques, des techniciens et des maîtres d'ouvrage, nous avons lancé les bases d'un projet fondé sur deux axes de réflexion.
D'abord, une étude urbanisme avec pour objectif le lien entre la gare Lille-Flandres, le faubourg Saint-Maurice et le carrefour du Romarin à la Madeleine. Ce nouveau quartier, accueillant les TGV de toute l'Europe, serait constitué d'avenues, de rues organisées selon un maillage traditionnel et cohérent, tissant un réseau urbain propice aux «liaisons humaines », un lieu d'animation permanente, offrant des espaces de vie conviviaux. Dans un développement de projets rythmé par la commercialisation des emprises, la continuité urbaine se serait alors organisée harmonieusement, en assurant progressivement la couture complète de ce nouveau quartier avec son environnement.
En second lieu, penser un esprit architectural résolument moderne, susceptible de conférer à Lille l'image d'une ville orientée vers l'avenir mais reflétant toutefois la sensibilité régionale et la diversité des cultures qui ont contribué à la richesse de notre région ; cherchant peut-être aussi à éviter le piège du « vocabulaire international ». Une densité affirmée grâce entre autres à l'édification de véritables tours, nouveaux beffrois de la métropole bien enracinés dans la terre lilloise, posés à même le sol, sans recourir, nécessairement à des performances techniques inutiles et coûteuses, voire dérisoires.
Cette démarche ne constituait en aucun cas un contre projet dans la mesure où la SAEM Euralille ne vit le jour qu'un peu plus tard.